Démos : « un projet dans lequel on donne et reçoit beaucoup de joie »
Nouvelle-Aquitaine
24.09.20

Coordinateur de l’Orchestre Démos Grand Châtellerault qui vient d’achever sa 3e année, Oren Grougnet faisait aussi partie de l’équipe qui a vu naître le projet Démos en 2010. Souvenirs…
« Le projet a été monté en quelques semaines, dans un grand enthousiasme et avec une énergie incroyable ! » Construire les partenariats avec les centres sociaux, recruter et former les musiciens intervenants, organiser la vie des 4 premiers orchestres Démos… Les missions étaient en effet nombreuses. A l’époque, Oren vient de terminer une expérience de coordinateur d’un orchestre départemental de jeunes en Seine-Saint-Denis. Quand il entend parler de Démos, il se reconnaît dans « cette philosophie qui vise à développer un autre rapport à la musique, à associer directement les structures sociales, à dépasser certains préjugés ». Il est alors recruté comme chargé de production à l’Association de Prévention du Site de la Villette. Un rôle qu’il occupe jusqu’à son départ de la Philharmonie de Paris en 2016, et qui lui laisse de nombreux souvenirs en tête : « on a organisé des événements fabuleux, on a vu le projet Démos évoluer et grandir, se déployer en région, on a vécu des moments magiques de partage et de grande émotion… Tout cela restera ancré en moi ».
En 2016 donc, direction l’Orchestre de Chambre Nouvelle-Aquitaine. Sans pour autant quitter le projet, puisqu’il devient coordinateur de l’Orchestre Démos Grand Châtellerault. « Passer 4 années à construire de A à Z le projet sur un territoire donné, et être l’interlocuteur au cœur de la vie de l’orchestre, ça a été absolument passionnant et encore plus fort au niveau des relations humaines ». Aidé par sa connaissance de Démos, le partage d’expertises permanent avec l’équipe de la Philharmonie, et son parcours de musicien de haut niveau (clarinettiste, percussionniste, chef d’orchestre), Oren a su entraîner toute l’équipe de l’orchestre vers des objectifs communs.
Des défis à relever, il y en a forcément eu beaucoup en 4 ans. Le dernier en date : organiser Démos à la maison pour faire face à la crise sanitaire. Après un temps de sidération devant l’arrêt total des activités, un dispositif a rapidement été pensé et mis en place pour garder le contact avec les enfants à distance. « Cette période a finalement été aussi stimulante que les démarrages du projet. On a créé un projet dans le projet, auquel la totalité des musiciens et référents terrain a adhéré. Et surtout, on a gardé le lien avec 90% des enfants, ce qui n’était pas gagné ! » Les enfants auraient dû se produire sur la scène de l’Angelarde à Châtellerault le 19 avril, et à la Philharmonie de Paris le 21 juin : pas facile de surmonter la déception des concerts annulés et terminer un cycle de 3 ans dans un tel contexte. L’équipe a tout de même réussi à réunir la moitié des enfants pour un stage de clôture et un moment musical en présence des familles, le 13 septembre dernier. « Il nous paraissait essentiel de ne pas terminer sans cet événement. Depuis 3 ans, tout le monde avait hâte de vivre cette clôture, c’était un élément de motivation pour les enfants et les familles ». Malgré la grande complexité de l’organisation et le risque de devoir encore tout annuler à la dernière minute, « ça a été l’un des meilleurs moments de musique et de vie de groupe qu’on n’ait jamais partagé dans Démos Grand Châtellerault. Toute la salle et tous les participants ont pu profiter d’un instant de sérénité, et constater à quel point les enfants avaient progressé, alors qu’ils ne s’étaient pas vus en orchestre depuis 7 mois. Ils se sont retrouvés comme s’ils ne s’étaient jamais quittés, avec une vraie qualité de jeu, d’écoute et de concentration. Un véritable moment de grâce ».
D’autres défis professionnels attendent Oren désormais. La suite de son parcours reste encore à écrire, mais une chose est sûre : ses futures expériences resteront empreintes de tout ce qu’il a vécu au sein de Démos. « C’est un projet dans lequel on donne et on reçoit beaucoup de joie. Et c’est une grande fierté pour moi d’avoir fait partie de cette belle aventure musicale et humaine, d’avoir permis à autant d’enfants de profiter d’un dispositif qui paraissait un peu fou à l’origine, de les avoir peut-être aidés à voir la vie autrement grâce à la musique et à la rencontre ».
Crédit photo : Miloud Kerzazi