« Faire comprendre à chacun quelle est sa place dans l’orchestre »

Flavien Boy est Directeur artistique de l’Ensemble Orchestral de Dijon. Sa carrière de chef d’orchestre, il l’a construite en ayant à cœur de transmettre sa passion auprès de publics divers, et notamment des plus jeunes. Quand il a découvert le projet Démos, il a immédiatement été sensible à cette opportunité de rendre accessible la musique aux enfants. Il dirige aujourd’hui les orchestres Démos à Mulhouse, et l’Orchestre Démos – Orchestre de Paris.

« Ça m’a toujours intéressé d’essayer d’expliquer comment fonctionne un orchestre, quel rôle tient chaque instrument, comment trouver sa place. La pédagogie exclusivement collective de Démos permet tout de suite de faire comprendre qu’on crée quelque chose tous ensemble, qu’il faut être à l’écoute de l’autre, trouver un sens commun du rythme, se placer en fonction du groupe et réagir aux demandes d’un chef… C’est une grande richesse pour apprendre la musique et le vivre ensemble ».

Pour Flavien Boy, diriger un orchestre Démos a cela d’enrichissant qu’il permet de se questionner sur son rôle de chef et de décortiquer le travail orchestral. Puisque les enfants découvrent la musique par la pratique collective, ils doivent intégrer toutes les notions leur permettant de jouer ensemble en même temps qu’ils débutent à l’instrument. « Démos, c’est faire comprendre à chacun, musicalement, quelle est sa place dans l’orchestre » : entre l’accompagnement et la mélodie qui peuvent passer d’un pupitre à un autre, il faut leur donner des clés pour qu’ils prennent conscience du fonctionnement propre à l’orchestre, saisissent comment jouer leur partie, et pourquoi il faut la jouer de cette façon-là par rapport aux autres.

« C’est très formateur pour un chef d’orchestre d’avoir la curiosité de se demander comment marche un orchestre, comment raconter ça à un enfant, comment tisser des liens entre chaque musicien pour faire en sorte qu’on soit tous unis ». Et c’est bien là le rôle du chef : trouver des astuces techniques pour canaliser ou réveiller une énergie collective, et construire ce lien à la fois à l’échelle de petits groupes et à celle de l’orchestre complet. Dans Démos, il s’agit aussi selon Flavien de se mettre à la place d’enfants qui arrivent dans un cadre qui sort complètement de leur univers quotidien – la Philharmonie de Paris ou une salle emblématique de leur territoire – pour jouer sur scène. Ils vont avoir leurs appréhensions et ressentis, et devront être guidés pour progressivement se sentir bien dans le groupe, en connaître les règles, et prendre du plaisir à jouer. Cet effort d’imagination du chef va permettre d’inclure chacun dans la création d’une musique commune.

Et si diriger un orchestre d’enfants ne s’improvise pas, une grande part ne peut se découvrir et s’apprendre qu’à leur contact. « On arrive devant eux pour les faire jouer et il y a forcément quelque chose qui se passe. Ensuite il faut savoir transmettre et rejoindre cet idéal qu’on a en tête en tant que chef ». Cela nécessite de faire preuve de pédagogie, de s’adapter à leur état d’esprit, trouver les outils qui vont les toucher pour travailler sur une difficulté, mettre en place des solutions en temps réel pour capter leur attention… Le meilleur moyen pour Flavien d’arriver à un résultat satisfaisant pour tous ! Ce résultat s’atteint aussi grâce aux échanges qu’il a en permanence avec les référents pédagogiques et intervenants artistiques des orchestres, qui accompagnent les enfants chaque semaine.

Au final, Flavien Boy semble heureux de constater que dans Démos, les moments fédérateurs de rassemblements et de concerts sont une grande source de motivation pour les enfants. « Il y a cette énergie frappante de se retrouver et de construire quelque chose collectivement. Les enfants sont contents de se revoir, ils ont travaillé en amont chez eux et en atelier mais pas seulement pour eux : ils le font avant tout pour le groupe. Et c’est au moment où on est tous ensemble qu’on crée quelque chose de magique ».

Crédit photo : Sébastien Bozon